Retour sur les Printemps arabes

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L’analogie établie entre le « Printemps arabe » et celui des Peuples européens, en 1848, n’est pas sans utilité heuristique. Plus problématiques sont la caractérisation de ces mobilisations en termes d’arabité ou d’islam, et leur périodisation de courte durée qui a prévalu, au risque de les dissocier de mouvements sociaux et politiques antérieurs dans les pays concernés ou dans d’autres sociétés considérées comme musulmanes. Le « Printemps arabe » se décline en plusieurs scénarios de réponse conservatrice à la mobilisation populaire dont les partis islamiques ont pu être le vecteur, de restauration autoritaire, de modernisation conservatrice, ou de guerre civile. Dans cette diversité, il doit être replacé à la lumière d’enjeux qui le transcendent : ceux de la reproduction ou de la remise en cause des « situations autoritaires » dans lesquelles il s’est inscrit, de leur économie politique, de la formation asymétrique de l’État sur les décombres des empires ottoman et coloniaux, du dédoublement des structures de pouvoir, du rapport ambivalent qu’entretenaient les anciens régimes avec les sociétés et notamment les masses populaires.

Drawing an analogy between the so-called « Arab Spring » and the sense of rebirth that wafted across Europe in 1848 proves useful from a heuristic perspective. Related exercises are more problematic. Among these are attempts to explain the events in question in terms of « Arabness » or « Islam » and to understand them as short-term developments, unrelated to social and political movements, whether local or further afield. The « Arab Spring » is many things simultaneously : conservative responses on the part of Islamic parties to popular mobilizations ; resurgences of authoritarianism ; conservative modernization ; civil war. Within the broader context of this diversity, the « Arab Spring » must be understood in light of stakes that transcend it. These include the reproduction and/or questioning of associated « authoritarian situations », the political economy thereof, asymetrical formations of the State on the ruins of the Ottoman and colonial empires, overlapping structures of power, ambivalent relationships entertained by ex-regimes with the social order and, notably, with the masses.

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