Environnement et développement : esquisse de perspectives d’action communicative

Résumé Fr En

On développe une analyse conceptuelle des éthiques environnementales assises sur les motifs de sollicitude mis en lumière par Hans Jonas et sur les normes procédurales de la démocratie délibérative. On caractérise le développement comme une construction éthique, au cœur de laquelle figure une définition de la personne et du développement personnel. Ce dernier est conçu, à la manière de Paul Ricœur, comme le résultat des actions communicatives de la personne singulière, orientées par sa « visée de la vie bonne ». On caractérise la démocratie délibérative à partir des normes d’action communicative de Jürgen Habermas. Celles-ci fondent l’action sur l’accord unanime des personnes affectées par ses conséquences, obtenu dans des conditions d’impartialité procédurale permettant à chacun d’exprimer son point de vue et d’être entendu. On développe deux versions de ces normes, adaptées respectivement aux problématiques d’écologie urbaine, d’une part, et à celles du développement durable, d’autre part. On montre comment l’étendue des motifs de sollicitude affecte la distinction entre les personnes-fins et les choses-moyens du développement, et comment ceci affecte la substance normative de l’action communicative. On analyse également la signification du risque décisionnel dans ce contexte normatif.

I develop a conceptual analysis of environmental ethics, built on the compassionate motives highlighted by Hans Jonas and on the procedural norms of deliberative democracy. General development is characterized as an ethical construct, the hardcore of which consists in a conception of the person and of personal development. Personal development is construed, in the manner of Paul Ricœur, as the outcome of the communicative actions of the singular person, aiming at the “good life”. Deliberative democracy is characterized by the norms of communicative action developed by Jürgen Habermas. These norms derive action from the unanimous agreement of persons affected by its consequences, obtained in conditions of procedural impartiality allowing each person’s point of view to be voiced and heard. We develop two versions of them, adapted to the issues of urban ecology and sustainable development respectively. I show how the scope of compassionate motives impinges on the distinction between the persons-ends and the things-means of development, and how this affects the substance of communicative action. I analyze also the meaning of decision risk in this normative context. Codes JEL : O13, O15, Q56.