Sémiologie des jardins haussmanniens : le jardin haussmannien, dispositif d’exposition de la bourgeoisie au Second Empire

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7 janvier 2020

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Gabrielle Heywang, « Sémiologie des jardins haussmanniens : le jardin haussmannien, dispositif d’exposition de la bourgeoisie au Second Empire », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.1jjq3l


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Notre étude porte sur l’analyse sémiologique des jardins haussmanniens, jardins publics créés ou réaménagés à Paris par le préfet Haussmann sous le Second Empire (bois de Boulogne et Vincennes, parcs de Montsouris, des Buttes Chaumont, Monceau, squares). L’aménagement de la nature y présente des caractéristiques spécifiques : ils comportent tous des éléments destinés à exposer les valeurs de la bourgeoisie, classe dominante à son apogée sous le Second Empire, cela dans un double but : d’une part, renvoyer à la bourgeoisie le reflet de sa réussite, et d’autre part, diffuser ses valeurs auprès des ouvriers fréquentant les jardins afin de les discipliner pour garantir l’ordre social.Dans une première partie, nous rendons compte du contexte économique et socioculturel qui a vu naître ces jardins, pour comprendre ce qui fait de la bourgeoisie une classe dominante à son apogée, cerner son paradigme ainsi que son mode de vie, en ce qu’ils conditionnent la mise en forme de la nature au sein des jardins. Nous décrivons une société en profonde mutation, qui vit à l’enseigne du progrès sous ses multiples formes – économique, scientifique, technique - et l’entrée dans la société de consommation. Nous mettons en évidence le mode de vie fastueux et consumériste de la bourgeoisie ainsi que sa quête du plaisir. Cela nous permet ensuite d’appréhender comment les jardins haussmanniens reflètent ces valeurs et ce mode de vie bourgeois, en déchiffrant les multiples signes qui les jalonnent. Maîtrise et progrès, paradigme de la bourgeoisie, conditionnent leur aménagement : la nature s’y veut ostensiblement artificielle pour montrer la maîtrise de la nature par l’homme et le progrès y est signifié par de nombreux éléments : lacs et cascades symboles de la conquête de l’eau (eau courante et égouts), imitation de matériaux naturels en ciment armé montrant le développement de l’industrie, plantes exotiques et établissements scientifiques celui de la science, et mise en valeur du chemin de fer, essence même du progrès. Ce paradigme transparaît aussi dans la structure du jardin, modelée sur celle de la ville moderne pour faciliter le déplacement des promeneurs et mettre en valeur les centres d’intérêts du jardin (falaises, lacs, édifices…), afin qu’ils puissent être « consommés » du regard. Pour répondre aux fastes de la bourgeoisie et à sa quête du plaisir, la nature y est décorative, luxueuse et les jardins offrent de nombreux divertissements.Enfin, nous analysons les jardins comme outil de communication de masse selon le modèle des 5W d’Harold Lasswell. Les jardins sont utilisés par la bourgeoisie pour diffuser ses valeurs de propreté, de bonne tenue et de stabilité familiale pour les inculquer aux ouvriers, afin de garantir l’ordre social. Ceux-ci, au fur et à mesure qu’ils fréquentent les jardins, intègrent l’habitus bourgeois, la finalité étant le transfert de ces nouveaux comportements dans leur vie quotidienne. Le jardin apparait ainsi comme un dispositif de contrôle social au service de la bourgeoisie, prévenant tout désordre susceptible de nuire à la bonne marche de ses affaires, assurant le maintien du système source de sa toute-puissance au Second Empire.

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