2012
Cairn
Henderikus J. Stam, « Pour une psychologie théorique », Bulletin de psychologie, ID : 10670/1.1nq54k
Le fait de parler d’une « psychologie théorique » peut être considéré comme une étrangeté en psychologie, puisque la discipline a toujours soutenu la place de la théorie. Mais à condition que la notion de « théorie » renvoie à une conception néo-behavioriste, cognitiviste, empiriste et fonctionnaliste. Dans ce courant d’idées, la théorie est importante pour décrire les relations entre des entités statistiques et fonctionnelles, mais elle évite de s’engager sur les processus qui peuvent être concrets, d’une part, ou explicitement expérientiels, d’autre part. Les propriétés phénoménales et concrètes sont habituellement « oubliées de l’étude » et repoussées dans l’arrière boutique, par une référence au sens commun implicite des termes utilisés pour construire la théorie elle même. En mettant en question ce consensus, mon propos n’est pas de questionner le manque d’unité de la psychologie, mais, au contraire, d’interroger son unification implicite sous un cadre de référence méthodologique et fonctionnel que j’appelle « le grand consensus ». Je soutiens qu’il existe un ensemble d’alternatives latentes au sein de la discipline qui peuvent renouveler la théorie en psychologie, particulièrement celles qui remettent en question, explicitement, les propriétés instrumentales au regard des propriétés linguistiques, ou bien celles fondées sur les propriétés phénoménales. Ce faisant, ces alternatives peuvent également traiter des revendications d’une science morale dont le consensus behavioriste est incapable de rendre compte.