À la source du déni : notre peur terrifiante de la nature

Résumé Fr En

Quels sont les processus psychiques qui, inconsciemment, jouent un rôle dans notre participation au désastre écologique ? Rendre ces processus visibles, en prendre conscience, est une condition nécessaire, bien que certainement non suffisante, pour apporter des réponses politiques à la hauteur de la situation. L’article explore ici ce qui se joue dans notre rapport intime, profond à la nature et peut nous pousser inconsciemment à vouloir la détruire. L’hypothèse principale de l’autrice est celle d’une peur terrifiante devant la nature, parce que celle-ci nous ramène inconsciemment à notre vulnérabilité, à notre finitude, à cet état de Hilflosigkeit dont parle Freud et qui caractérise notre condition humaine. L’article montre combien nos efforts culturels pour prétendre dépasser cette condition comportent le risque de créer les conditions du désastre.

What are the psychic processes that are unconsciously at play in our participation in ecological disaster? Making these processes visible, becoming aware of them, is a necessary—though certainly not sufficient—condition for political responses. In this paper, we explore what is at play in our intimate, deep-rooted relationship with nature, which may unconsciously drive us to want to destroy it. Our main hypothesis is that we have a terrifying fear of nature, because it unconsciously brings us back to our vulnerability, our finiteness, to that state of Hilflosigkeit theorized by Freud and which characterizes our human condition. We show how our cultural efforts to overcome this condition run the risk of creating the conditions for disaster.