Apprendre à enseigner à l’école primaire. Une socialisation professionnelle paradoxale ?

Résumé Fr En

À partir d’une longue recherche intégrant les apports de nombreux travaux, nous analysons ici l’évolution récurrente des priorités de professeurs débutants en école primaire. Pendant leur formation, se soucier de faire progresser tous les élèves est une préoccupation majeure qui s’érode ensuite au gré des fréquents déboires qui jalonnent leurs parcours, notamment dans les écoles où l’échec d’une fraction d’élèves est pour ainsi dire la norme. S’ils finissent par souscrire au fatalisme qu’ils récusaient initialement, c’est alors aussi par manque d’accompagnement formatif et par grand besoin de soutien des collègues avec qui ils partagent leur quotidien difficile. L’approche relationnelle que nous avons adoptée rend intelligible ce processus récurrent en relevant ses liens avec plusieurs spécificités françaises de la formation et des conditions d’enseignement à l’école primaire.

At the end of a long research integrating the contributions of many works, we analyze here the recurring evolution of the priorities for new teachers in primary school. During their training, their main concern is to help all their students progress in all domains. This concern eventually erodes as a result of their setbacks and alongside with the practices in force, especially in schools where, so to speak, the failure of a certain number of students is the standard. Then, if they end up endorsing the fatalism that they initially disregarded, it is only because of a lack of formative help and a great need for support that lead them to consider the solutions and representations of their colleagues with whom they share their difficult everyday lives. Our relational approach makes this recurring process intelligible because it draws links with several French specificities in training and teaching conditions in primary school.