2019
Cairn
Véronique Nahoum-Grappe, « « Je t’aime ! » Faut-il y croire ? », Hermès, La Revue, ID : 10670/1.1u530v
Cet article tente de décrire les imageries contemporaines liées au lien amoureux ; le « je t’aime » une fois déclaré, et la manière est cruciale, est non seulement un acte de langage qui change toute la situation entre les deux partenaires, mais aussi un énoncé de type « votif », plus proche de la croyance que de l’information factuelle : le « je t’aime » est « pour la vie », même le temps d’une nuit., et toute sa valeur d’évènement social-intime nait de sa « vérité » présumée, à laquelle il faut « croire » ; la suspicion de faux se loge déjà dans la déclaration. Dans une phase suivante, quand l’amour déclaré produit le lien de couple conjugalisé, la plausibilité dramaturgique d’une situation de tromperie est de l’ordre du stéréotype robuste : le mensonge alors est l’outil principal du/de la trompeu.r.se, pendant que le/ la trompé.e est en passe devenir « cocu », terme instructif sur le statut culturel peu glorieux de cette position. Pourtant, ce qui se passe est très différent selon que l’on est « maître » ou victime du mensonge et les stéréotypes culturels contemporains sur « l’amour » tendent à dénier toute la dissymétrie entre les deux positions.