2022
Cairn
Marie-Paule Raffaelli-Pasquini, « Napoléon Bonaparte : une profession de foi… », Napoleonica. La Revue, ID : 10670/1.1x3918
Si Napoléon Bonaparte disait qu’il était « loin d’être athée », ses discours rationalistes sur la croyance témoignaient souvent du contraire. Nous ne trouverons sans doute jamais une réponse irréfutable sur la réalité et la profondeur de sa foi. Pour reprendre les mots de Joséphine qui posent avec humour toute la complexité de son époux sur la question : « Je ne sais pas s’il croit en Dieu, mais il en joue bien ! »Toutefois, il est au moins possible d’établir quelle pouvait en être sa conception. Lecteur assidu des grands penseurs de l’Antiquité mais aussi de ses contemporains, l’Empereur a certainement été grandement influencé par les textes fondamentaux sur la religion, d’une part, et le divin, d’autre part. Cet héritier des Lumières a pu élaborer sa propre croyance en puisant, notamment, dans les œuvres de Jean-Jacques Rousseau ou de François-René de Chateaubriand, dont il dévorait les pages avec passion. De ces mêmes pages naissait l’idée d’un sacré dissimulé dans la nature, une présence hiérophanique terrestre, immanente plus que transcendante, entourant de manière bienveillante les hommes au lieu de les dominer. Dieu y est une substance qui embrasse l’ensemble du réel et doit être appréhendé comme l’ordonnancement et l’unité des choses. Une conceptualisation du christianisme plus poétique, plus accessible mais aussi plus rassurante : une analyse de la nature de dieu et du dieu de la nature, comprenant une vision du Christ qui n’a pu qu’inspirer l’Empereur : un homme fils de Dieu et un dieu proche des hommes.