10 avril 2010
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Sylvie Castets, « De Masaccio à Stalker: pour une esthétique du seuil et de son franchissement », Conserveries mémorielles, ID : 10670/1.1xc0ih
Le seuil,abordé en tant que sujet représenté, est ici le moyen d’envisager la question de la limite et de son dépassement dans le territoire de l’œuvre peinte, de l’installation et de la performance. La fresque de Masaccio, intitulée « Adam et Ève chassés du Paradis », réalisée vers 1425, constitue une étape décisive dans le traitement de l’espace de représentation. La suggestion d’une profondeur, mais également, d’une épaisseur, apparaît, faisant basculer la peinture vers le naturalisme. Ainsi, au réalisme intellectuel du Moyen Age, se substitue un nouveau mode de figuration. L’artiste de la Renaissance quitte donc un territoire artistique pour explorer et poser les bases d’un art inédit. Dès lors, la toile, telle une zone de friction, se place et agit dans l’interstice séparant l’espace réel et l’espace représenté. La vision du spectateur, face au tableau, franchit ainsi le barrage de l’œuvre pour coloniser une fable topique amenée par l’illusion de la profondeur. La peinture est également le lieu où l’artiste révèle au spectateur, par le biais de stratagèmes plastiques, ses conditions de réalisation. A partir de là, une rupture s’opère entre la représentation et le fait de présenter. Art et vie s’interpénètrent alors, dans des installations ou des performances, offrant au spectateur un lieu milieu, dans lequel il est amené à s’affranchir de ces modèles. L’oeuvre est donc un seuil qu’il faut «traverser pour apprendre la solitude. » (Serres). Elle vibre d’instabilité et cristallise l’état singulier du changement. Enfin, elle conduit inéluctablement vers un devenir autre.