Les aveugles dans l’œuvre de Descartes

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Date

4 octobre 2021

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MSH Clermont-Ferrand


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Descartes cécité vue toucher représentations

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Eyesight Seeing Sight Visión Vue

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Marion CHOTTIN, « Les aveugles dans l’œuvre de Descartes », Sociopoétiques, ID : 10670/1.1xcxs0


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Résumé Fr En

 : Cet article interroge la conception cartésienne des aveugles et de la cécité à l’aune des représentations sociales que le philosophe a mises à distance en même temps que requalifiées. Il montre d’abord que Descartes procède à une rationalisation de la représentation de l’« aveugle voyant » : le philosophe attribue aux personnes qui ne voient pas une forme de vision qui, à la différence du pouvoir de divination que les anciens Grecs octroyaient à certains, mais aussi du « regard intérieur » typique de la mystique de l’Âge classique, n’est aucunement surnaturelle. Descartes contribue ainsi à défaire certains des principaux préjugés qui nuisent aux personnes aveugles. L’article établit ensuite que cette rationalisation exclut cependant ces personnes du savoir que Descartes place en elles : celui, paradoxal, du processus d’élaboration de la vision. Il souligne enfin qu’en valorisant le sens de la vue comme peut-être aucun philosophe ne l’avait fait avant lui, Descartes rationalise aussi la représentation, prioritairement médiévale, de l’« aveugle ignorant ». La conclusion de l’article est la suivante : cette double rationalisation produit l’idée ambivalente que beaucoup se font encore de la cécité, à savoir une déficience très faiblement compensée par une capacité à voir autrement que par les yeux. En réhabilitant le toucher, le siècle des Lumières en produira quant à lui une conception à la fois rationnelle et nullement privative.

: This paper examines Descartes’s conception of the blind and blindness in the light of the social representations that the philosopher both distanced and requalified. It first shows that Descartes rationalises the representation of the ‘blind seer’: the philosopher attributes to people who cannot see a form of vision which, unlike the power of divination that the ancient Greeks attributed to certain people, but also the ‘inner gaze’ typical of the mysticism of the Classical Age, is not in any way supernatural. Descartes thus helps to undo some of the main prejudices that plague blind people. The article goes on to establish that this rationalisation excludes these people from the knowledge that Descartes places in them: the paradoxical knowledge of the process of vision. Finally, it points out that by valuing the sense of sight in a way that perhaps no philosopher had done before him, Descartes also rationalises the predominantly medieval representation of the ‘blind ignorant’. The conclusion of the paper is as follows: this double rationalisation produces the ambivalent idea that many people still have of blindness, namely a deficiency that is very poorly compensated for by an ability to see other than with the eyes. By rehabilitating touch, the Enlightenment produced a conception of it that was both rational and in no way deprived.

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