Le cutter contre le marteau : la scarification comme pratique subversive

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2021

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Adrien Cascarino et al., « Le cutter contre le marteau : la scarification comme pratique subversive », Cliniques méditerranéennes, ID : 10670/1.1y7zp1


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L’hôpital et la prison sont des lieux paradigmatiques d’enfermement et de contrôle des corps. Paradoxalement, la prévalence de comportements d’automutilation y est aussi particulièrement importante. La clinique est alors fréquemment convoquée pour empêcher ces actes. Comment les soignants et les cliniciens peuvent-ils alors travailler avec les sujets enfermés sans renforcer les dispositifs de contrôle des corps et risquer de majorer un vécu d’aliénation chez les personnes s’automutilant ?Les blessures auto-infligées résultent de multiples facteurs et peuvent être considérées comme le produit d’un rapport de pouvoir entre l’individu et l’institution. Pourtant, loin de reconnaître cette complexité, l’institution pénitentiaire tente plutôt de contrôler strictement le sens de ces comportements en les classant dans deux catégories exclusives : acte « impensé », témoignant d’une souffrance psychique et nécessitant des soins, ou acte « pensé », témoignant d’une tentative de manipulation, et répréhensible. Une recherche qualitative effectuée au sein d’un service de psychiatrie pour adolescent montre à quel point ce type de comportement produit un effet de délégitimation, qui se traduit à l’hôpital, par des interrogations sur ce que veut dire « être soignant » dans un lieu d’enfermement. La capacité de l’institution à admettre ce questionnement au niveau institutionnel plutôt qu’individuel pourrait alors favoriser une diminution des comportements automutilatoires.

Hospitals and prisons are paradigmatic places of confinement and control of bodies. Paradoxically, the prevalence of self-harm is also particularly high there. Clinicians are therefore frequently asked to provide solutions to prevent these acts. How can caregivers and clinicians work with confined subjects without strengthening body control systems and risking increasing the alienation of people who self-harm?Self-harm practices result from multiple factors and can be considered as the product of a power relationship between the individual and the institution. However, far from acknowledging this complexity, the penitentiary institution tries instead to strictly control the meaning of these behaviors by classifying them into two exclusive categories: a “thoughtless” act, testifying to psychological suffering and requiring care; or a “thoughtful” act, testifying to a reprehensible attempt at manipulation. Qualitative research conducted in an adolescent psychiatric ward shows how this type of behavior produces a delegitimizing effect, which is reflected in hospital through a questioning about what it means to be a “caregiver” in a place of confinement. The institution’s ability to accept this questioning at the institutional rather than individual level could then lead to a decrease in self-harm behavior.

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