Comment la gauche a perdu Jeanne d'Arc. Étude de la figure johannique dans la presse socialiste 1890-1914

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10 septembre 2019

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Correntin Arrault, « Comment la gauche a perdu Jeanne d'Arc. Étude de la figure johannique dans la presse socialiste 1890-1914 », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.1yp7sj


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Résumé En Fr

Based on the archives of the socialist press, the study of the relations maintained by the socialists with the image of Joan of Arc reveals their strong involvement in the controversy that grows between 1890 and 1914 around his political heritage. Indeed, there is a socialist model of Joan of Arc. Drawn from the historiographical tradition of the first half of the nineteenth century, it is defined by its belonging to the popular world, and placed in the pantheon of the left, alongside the revolutionaries of 1789 and the communards of 1871. It is also defined by the reactionary enemies of socialist intellectuals, both Catholic and nationalist. The figure of Jeanne defended by La Petite République and L’Humanité is presented as a precursor of the Third Republic’s social struggles. It is not a distant aesthetic theme, but it is engaged in modern problems, and has a function in propaganda. The socialists are indeed the true animators of the leftist figure of Jeanne, the radicals being often close to a more centrist republican vision which considers it as a symbol capable of uniting the whole nation. However, because of the extreme political and ideological polarization of the period, it opposes frontally the reactionary, catholic, anti-Semitic and militaristic conception of heroin. Socialists are unable to effectively promote a model that is above all that of intellectuals, when the nationalist phenomenon and the process of canonization establish the reactionary figure in public opinion. Claimed by antagonistic camps, Joan of Arc is finally hoarded, just before the War, by the reaction.

En se basant sur les archives de la presse socialiste, l’étude des rapports entretenus par les socialistes avec l’image de Jeanne d’Arc révèle leur forte implication dans la polémique qui se développe entre 1890 et 1914 autour de son héritage politique. En effet, il existe un modèle socialiste de Jeanne d’Arc. Puisé dans la tradition historiographique laïque de la première moitié du XIXe siècle, il est défini par son appartenance au monde populaire, et placé dans le panthéon de la gauche, aux côtés des révolutionnaires de 1789 et des communard de 1871. Il se définit aussi par rapport aux ennemis réactionnaires des intellectuels socialistes, catholiques comme nationalistes. La Jeanne défendue par La Petite République et L’Humanité est présentée comme annonciatrice des luttes sociales de la IIIe République. Elle n’est pas un lointain thème esthétique, mais est engagée dans les problèmes modernes, et a une fonction dans la propagande. Les socialistes sont alors les véritables animateurs de la Jeanne de gauche, les radicaux étant souvent proches de la vision républicaine plus centriste qui la considère comme un symbole capable d’unir toute la nation. Or, du fait de l’extrême polarisation politique et idéologique de la période, elle s’oppose frontalement à la conception réactionnaire, catholique, antisémite et militariste de l’héroïne. Les socialistes s’avèrent inaptes à promouvoir efficacement un modèle qui est avant tout celui d’intellectuels, quand le phénomène nationaliste et le processus de canonisation établissent la figure réactionnaire dans l’opinion. Revendiquée par des camps antagonistes, Jeanne d’Arc est finalement accaparée, peu avant la Guerre, par la réaction.

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