2018
Cairn
Clément Weiss, « Cannes à épée ou à dard, bâtons plombés ou ferrés : culture et usages des « armes offensives cachées et secrètes » à Paris (1790-1800) », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.21cvgt
Dans tout un imaginaire littéraire et iconographique, la « jeunesse dorée » du Paris thermidorien et directorial aurait adopté le port de cannes et de bâtons garnis d’une lame, d’un dard ou de plomb comme armes de distinction et de réaction. L’enjeu de cet article est de mettre à l’épreuve cette politisation des armes « trompeuses » en s’interrogeant sur leurs circulations et leurs usages à Paris entre 1789 et 1800, à travers notamment l’étude de leur incidence réelle sur les violences commises dans la section du Palais-Royal. Dans les discours policiers, la répression de ces armes, dont la mode est présentée comme criminogène et séditieuse, s’inscrit à partir de fin 1795 dans un contexte de dénonciation des « jeunes gens » qui refuseraient le service militaire pour former des bandes armées et occuper la rue. Au-delà de cette assignation politique, la réputation subversive de ces armes témoigne aussi de la persistance, depuis l’Ancien Régime, d’une culture de l’autodéfense qui valorise l’armement personnel, voire personnalisé.