2013
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
François Djindjian, « L’apport des données de l’art solutréen dans les problématiques de circulations des chasseurs cueilleurs au maximum glaciaire en Europe occidentale / The Contributions of the Solutrean Art Data in the Questions of the Human Group Circulations during the Maximum Ice Age in Western Europe », Supplément à la Revue archéologique du centre de la France, ID : 10670/1.2935wr
Depuis plus d’une dizaine d’années, de nouvelles données sont venues remettre en question les synthèses connues sur l’art pariétal, notamment la valeur du style pour établir une chronologie (en particulier le style III). C’est l’occasion ici, de revoir l’art pariétal, rupestre et mobilier attribué au maximum glaciaire, dont le Solutréen, notamment Lascaux, Le Gabillou, Roc de Sers, certaines grottes d’Ardèche et l’art de la péninsule ibérique. Ce travail est basé sur une rectification de la chronologie de l’art paléolithique, qui remet en phase les " cultures " et les " styles "(Djindjian 2004a), et sur une analyse de la variabilité des bestiaires figurés en relation avec les zoocénoses régionales (Djindjian 2004b) aboutissant à une proposition d’explication fonctionnelle de l’art paléolithique, que nous développons ici pour le maximum glaciaire. Pour cette période, le bestiaire figuré correspond à une zoocénose méditerranéenne composée principalement de cheval, aurochs, cerf et biche, bouquetin. Il est identique dans l’art pariétal, rupestre et mobilier. Dans la péninsule ibérique sub-pyrénéenne et sub-cantabrique, il correspond aux restes de faune trouvés dans les sites archéologiques associés, malgré quelques cas d’animaux “ exotiques ” et d’attributions chrono-culturelles divergentes de sites qui sont analysés. En Aquitaine et en Charente, il existe des habitats solutréens saisonniers de longue durée, et nous connaissons également une présence estivale au Solutréen supérieur (ateliers de taille, sites de boucherie, camps de chasse spécialisée) dans les régions septentrionales : bassin de la Loire (Fritsch, Fressignes, Les Maîtreaux), Bassin parisien (Saint Sulpice de Favières, Le Trilobite à Arcy-sur-Cure), bassin de la Saône (Solutré). Dans ces régions, les bestiaires représentés (même s’ils intègrent des espèces régionales comme le bison ou le renne, sont différents des zoocénoses connues (présence dominante du renne, cheval et bison, absence de l’aurochs, rareté du cerf). Cette différence est expliquée par des déplacements de groupes humains au Solutréen supérieur d’une part entre l’Aquitaine et la péninsule ibérique à travers les Pyrénées, d’autre part la côte méditerranéenne française (incluant l’Ardèche) et la côte méditerranéenne espagnole (incluant la bassin de l’Ebre), pour des séjours d’hiver. Les études sur l’art paléolithique permettent ainsi de contribuer également à reconstituer les stratégies de gestion des ressources dans le territoire au maximum glaciaire puis les recolonisations de l’Europe à partir du refuge méridional.