2013
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Stéphan Hinguant et al., « La vallée de l’Erve (Mayenne) : Présence solutréenne au nord de la Loire / The Valley of Erve (Mayenne) : Solutrean Presence North of the Loire », Supplément à la Revue archéologique du centre de la France, ID : 10670/1.2abaru
Le pseudo-canyon de Saulges est une entaille de 1,5 km creusée par l’Erve, affluent de la Sarthe, dans un petit massif calcaire du Carbonifère. La rivière, qui sectionne ici le massif selon une direction nord-sud, est à l’origine du développement d’un karst de dimensions réduites, partiellement connu, dont certaines cavités parfois assez vastes (grotte Rochefort, grotte Margot) ont servi d’abris ou de sanctuaires aux Préhistoriques. Ces grottes s’ouvrent sur les deux rives du cours d’eau, au pied ou à mi-hauteur de falaises abruptes, et ont pour la plupart été fouillées anciennement. Le Solutréen semble être la culture matérielle la mieux représentée dans les couches paléolithiques, pour lesquelles un programme de recherche est actuellement en cours (UMR 6566 CNRS). Dans la grotte Rochefort, les datations l4C obtenues placent les occupations entre 19.320 ± 90 et 20.090 ± 100 BP. Les niveaux en cours de fouille indiquent que les hommes ont pratiqué des activités de taille et de boucherie dans la grotte elle-même. Outre l’outillage, on note aussi la présence de nombreux éclats de façonnage de feuilles de lauriers, d’esquilles et de pièces osseuses fragmentées ou présentant des stries liées à la découpe, ou encore des fragments d’os brûlés. Eléments de parure et art mobilier sont également présents, comprenant notamment des plaquettes gravées. Même si aucun aménagement de sols ni aucune structure (de type foyer par exemple) ne viennent pour l’instant confirmer l’existence d’un véritable niveau d’habitat, les éléments mis au jour accréditent ainsi la pratique d’activités domestiques et symboliques dans la cavité. Le corpus faunique, pour lequel il faut souligner la remarquable qualité de conservation des vestiges osseux, est varié. Il est cependant dominé par le renne et le cheval et témoigne dans son ensemble d’un environnement ouvert et froid. Avec les occupations de la vallée de l’Erve, nous avons pratiquement affaire aux témoignages les plus septentrionaux de l’extension du Solutréen. Outre sa géographie, l’originalité et la qualité du site tiennent dans la nature des matériaux Ethiques exploités, la conservation des restes osseux, exceptionnelle dans le Massif armoricain, et la présence d’un art mobilier.