2012
Cairn
Jean-Michel Fortis, « Comment la linguistique est (re)devenue cognitive », Revue d'Histoire des Sciences Humaines, ID : 10670/1.2ci3hv
Cet article décrit la naissance de cet ensemble d’approches que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de linguistique cognitive. Ce mouvement, né aux États-Unis dans les années 1970, a progressivement pris forme dans les travaux de linguistes qui souhaitaient rompre avec la grammaire générative.La grammaire générative avait été initialement perçue par certains linguistes comme une libération, et comme l’occasion de replacer la sémantique et la sémiose au cœur de la linguistique. Il leur apparut, cependant, que l’école chomskyenne n’empruntait pas cette direction. L’approche alternative qu’ils proposèrent, la sémantique générative, anticipa et, dans une certaine mesure, prépara la scission de la linguistique cognitive et du paradigme chomskyen. Ce sont ces deux étapes — la période de la sémantique générative et l’avènement de la linguistique cognitive — qui sont retracées ici. Dans la deuxième partie, on décrit les trajectoires de quatre linguistes majeurs, partisans ou proches, à un moment, de la sémantique générative (Chafe, Talmy, Lakoff and Langacker), qui ont tous évolué vers des formes diverses de linguistique cognitive et contribué à sa constitution. La dernière partie montre comment le réveil de la sémantique lexicale et d’une vision empiriste de la cognition favorisèrent l’adoption de la théorie du prototype et créèrent des conditions favorables aux travaux sur la métaphore. Ces deux champs d’investigation ayant des liens avec la psychologie et une forme de gnoséologie, ils fournissent l’occasion de s’interroger sur les liens entre linguistique et sciences cognitives.