1 avril 2019
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Matteo Pompermaier, « "Le vin et l'argent" : osterie, bastioni et marché du crédit à Venise au XVIIIe siècle », Theses.fr, ID : 10670/1.2ctzwo
Cette thèse s’intéresse au marché du crédit à Venise au XVIIIe siècle. Une partie importante de la recherche se concentre sur une offre de crédit spécifique au contexte vénitien, qui avait lieux dans les osterie (auberges) et les bastioni de la ville, des entrepôts où le vin était vendu à emporter. Le vin et l’argent étaient deux éléments intrinsèquement liés et trouvaient un point de contact dans l’activité des osti (aubergistes) et des bastioneri. Ces derniers offraient à leurs clients un service original de prêt sur gage. Ils assumaient le double rôle des fournisseurs de biens de consommation de base et de créanciers, devenant ainsi des figures incontournables dans le contexte urbain, en particulier pour les membres des couches les plus pauvres. L’un des éléments les plus intéressants est la manière dont les intérêts sur les prêts étaient perçus, puisque les créanciers tiraient profit du fait qu’un tiers de la valeur totale des crédits était payé en vin. La valeur faible des prêts confirme que ce service s’adressait principalement aux classes les plus fragiles de la société, c’est à dire les principaux protagonistes de ce que nous avons appelé l’économie ‘du mouchoir’. Il s’agissait surtout d’individus pauvres mais pas ‘très pauvres’, ceux qui n’avaient pas de grandes réserves d’argent et qui étaient vulnérables en raison de l’irrégularité de leurs revenus. Les objectifs de la recherche sont principalement au nombre de deux. Le premier consiste à analyser l’activité de crédit des bastioni et des osterie. Le second est de replacer cette organisation dans le contexte urbain, en analysant le marché dans son ensemble et en évaluant les caractéristiques et les variables qui pouvaient influencer la demande. Par conséquent, afin d’avoir une vision plus complète du marché, toutes les omposantes principales de l’offre ont été prises en considération. Outre les bastioni et les osterie mentionnés ci-dessus, les autres activités de prêts ont été analysés et comparés : l’activité des banques juives dans le Ghetto, mais aussi celle des monts-de-piété des villes de la terre ferme vénitienne, des notaires et des prêteurs privés. De cette façon il a été possible d’enquêter sur les relations existantes entre les différents circuits de crédit, et de démontrer qu’ils n’étaient pas en concurrence les uns avec les autres, mais qu’il s’agissait plutôt d’un marché segmenté. La recherche s’adresse aussi bien aux spécialistes de l’histoire vénitienne qu’aux historiens de l’économie dans d’autres contextes, en proposant une nouvelle méthodologie et un cas d’étude qui appellent à la comparaison dans d’autres villes à l’époque moderne.