Les boues rouges de l’usine Péchiney-Alteo de Gardanne : de l’inertie à la toxicité, du rejet … et du dossier

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Le croisement d’études technico-historiques, d’articles récents dans la presse, de documents administratifs et d’interviews d’acteurs impliqués dans ce dossier, permet de reconstituer, pour l’usine rejetant les boues rouges en mer en face des Calanques de Marseille, le passage progressif d’un statut d’entreprise historique, respectable et propre vis-à-vis de son voisinage, à un statut de pollueuse et de destructrice de la biodiversité marine, et de surcroît dans un parc national. Considérées comme substance inerte en 1966, par un service des installations classées qui n’en avait pas mesuré le contenu, et qui faisait face à d’autres rejets polluants à cet endroit, les boues rouges sont devenues de plus en plus condamnables à partir du moment où l’agence de l’eau a « rattrapé » ce redevable parmi les plus importants de son district. Les acteurs publics se sont alors engagés dans une voie délicate : inciter l’entreprise à réduire son rejet, sans pour autant provoquer sa faillite et la perte de plusieurs centaines d’emplois. L’article montre que la technicité du dossier a permis à l’entreprise de trainer les pieds et de ne faire d’investissements de dépollution que sous la contrainte, grâce à sa capacité à imposer son discours de bon élève au préfet, aux juges, aux élus du territoire et même au Premier ministre. Il conclut sur une proposition de contrôle plus sévère, qui ne laisserait pas le temps à cette entreprise de préparer la fermeture du site en faisant semblant de chercher des technologies complémentaires de dépollution.

Crossing technical-historical analyses, recent media coverage, administrative documents and interviews of stakeholders, allows presenting the evolution of the status of the alumina factory discharging red mud in the sea in front of the Calanques of Marseille : from historical respectability and cleanliness for its neighborhood, to being accused of marine pollution and biodiversity destruction, and on top of it in a national park. Considered an inert substance in 1966, by an Inspectorate of Pollution which had not analysed its contents, and was facing other polluting discharges in the same area, red mud became increasingly reprehensible once the water agency caught up with the company and imposed it pollution levies. Public stakeholders then adopted an uneasy path : incentivate the company to reduce its discharges, without provoking its bankruptcy and the loss of hundreds of jobs. The paper shows that technical complexity allowed the company to drag its feet and invest in de-pollution only under constraining deadlines, due to its capacity to impose its ‘good guy’ image on the prefect, the judges, local councils and MPs, and even on the Prime Minister. The conclusion is a proposal for a more efficient and severe control, which would not let the company prepare the closing down of the premise while pretending to explore additional technologies to end with toxic waste discharge.

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