La juste mesure de la peine : en quête de justice

Résumé Fr En De

D’un point de vue philosophique, la question de la mesure de la peine semble rendre entièrement compte de celle de sa justice. Nous inscrivant pour notre part dans une philosophie du droit pénal, d’un droit qui sanctionne, nous montrerons pour quelles raisons conceptuelles un tel rapprochement s’opère. Nous interrogerons ainsi le rôle joué par la sanction, sa justesse et sa mise en scène institutionnelle dans les sociétés de droit : l’État apparaît seul garant d’une mesure objective de la peine qui évite les emportements passionnels des individus. Dans un tel contexte, la victime ne peut se faire justice, la vengeance se voit refusée. La mesure de la sanction s’oppose à la démesure de la violence dont elle vient contrarier le mouvement. La sanction elle-même est la face visible du droit, un des leviers qui contribuent à asseoir la force normative de la loi. Prouver au condamné la justesse de ce qui lui est infligé, n’est-ce pas le réinscrire dans l’ordre social ?

From a philosophical point of view, the question of the fair measure of the punishment is related to that of justice. Considering the philosophy of criminal law, a law that sanctions, we explain the conceptual reasons of such a relation. We examine the role of punishment, its fairness and institutional staging in societies under the rule of law : the State appears to be the only guarantor for an objective measure of the punishment that prevents individuals from passionate anger. In such a context, the victim cannot take revenge because revenge is not allowed. The measure of the punishment acts against excessive violence. The punishment itself is the visible side of law and contributes to assure its normative force. Is not proving the fairness of the punishment reinserting the victim into social order ?

ZusammenfassungPhilosophisch gesehen hängt die Frage des gerechten Ermessens der Strafe mit derjenigen der Gerechtigkeit zusammen. Im Rahmen der Philosophie des Strafrechts erklären wir die begrifflichen Gründe eines solchen Zusammenhangs. Wir untersuchen die Rolle der Strafe, ihrer Gerechtigkeit und Inszenierung in Rechtsgesellschaften : der Staat erscheint als der einzige, der sich für ein objektives Ermessen der Strafe verbürgt und den Individuen leidenschaftliche Zornesausbrüche vermeidet. In einem solchen Kontext kann das Opfer sich selbst Recht nicht verschaffen, da die Rache nicht erlaubt ist. Das Ermessen der Strafe wirkt der Masslosigkeit der Gewalttätigkeit entgegen. Die Strafe selbst ist die sichtbare Seite des Rechts, die dazu beiträgt, seine normartive Gewalt zu sichern. Ist nicht das Beweisen der gerechten Strafe eine Resozialisierung des Opfers ?