2013
Cairn
Geneviève Zoïa, « Morale laïque et identité à l'école », Le Télémaque, ID : 10670/1.2oq29d
Cet article explore la notion de laïcité comme opérateur analytique pour penser la mise en jeu des identités dans l’espace scolaire. Il mobilise une méthode anthropologique et s’appuie sur des terrains menés dans les quartiers populaires français1. La laïcité française est, depuis les origines, pensée comme une forme supérieure de lien social, au service de l’émancipation et de la formation d’un esprit critique, de la promotion de valeurs universelles. Cependant, force est de constater qu’elle est aujourd’hui comprise et mise en jeu dans des débats publics comme défendant une forme identitaire particulière et majoritaire, et notamment comme l’inverse d’une religion, l’islam. Face aux difficultés contemporaines de définition d’un modèle de lien social pouvant intégrer le pluralisme des valeurs morales, la laïcité véhicule un passager aujourd’hui de plus en plus clandestin : l’identité. Ainsi, les appels à la morale laïque risquent de prendre des accents défensifs, voire hostiles, à l’encontre de publics scolaires qui n’ont pas reçu la laïcité en héritage.