Que nous apprend le vécu des médecins généralistes sur les composantes de leur intervention dans les situations de suspicion de maltraitance infantile non urgentes ?

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2021

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Gilles Cornelis et al., « Que nous apprend le vécu des médecins généralistes sur les composantes de leur intervention dans les situations de suspicion de maltraitance infantile non urgentes ? », Carnet de notes sur les maltraitances infantiles, ID : 10670/1.2pf5js


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Les cas de suspicion de maltraitance infantile non urgents engagent les généralistes dans un processus particulièrement complexe. Malgré le rôle important qui leur est attribué dans la prévention de ces abus, les médecins généralistes détectent et signalent encore trop peu les cas de maltraitance infantile. Les freins liés à ce manque de signalement sont explorés dans les écrits scientifiques mais peu de recherches analysent comment les médecins généralistes pratiquent face aux situations de maltraitance. Cette étude tente de déterminer ce qui compose l’intervention des généralistes dans les situations de suspicion de maltraitance infantile non urgentes pour mieux comprendre leur processus de décision et identifier des leviers d’action susceptibles de les soutenir. Pour répondre à notre question de recherche, des entretiens semi-structurés auprès de 6 médecins généralistes pratiquant en Fédération Wallonie-Bruxelles ont été réalisés. Les données des entretiens ont été analysées au moyen de la méthode par théorisation ancrée. Notre recherche met en évidence quatre catégories qui illustrent les composantes de l’intervention des médecins généralistes face à des situations de suspicion de maltraitance infantile non urgentes (S’éveiller sans bruit, Mettre en relation pour lever le voile, On n’est pas pote, Une demande d’aide qui en dit long sur ce qu’il est possible de nommer). Ces catégories, présentées à la manière d’un dé-zoom progressif, partant du médecin généraliste vers le réseau de soin dans lequel il s’inscrit, ont ensuite été ordonnées dans un schéma permettant la modélisation du processus de décision emprunté par les médecins généralistes. L’analyse de ce processus de décision permet de comprendre les limites du savoir théorique et ce qui fait que la suspicion d’une situation de maltraitance ne suffit pourtant pas pour intervenir. Des programmes de formation adaptés pourraient soutenir adéquatement les généralistes face aux enjeux que ces situations représentent en intégrant les spécificités de leurs interventions mises en évidence par les études qualitatives. Un exemple d’activité pédagogique élaboré sur base des résultats de cette recherche est discuté à la fin de l’article. Plus qu’une simple acquisition de connaissances et de compétences, de telles formations pourraient contribuer à développer chez les généralistes une posture réflexive, c’est-à-dire une conscience sur le processus de décision difficile dans lequel ils s’engagent.

Non-urgent cases of suspected child abuse engage general practitioners (GP) in a particularly complex process. Despite their important role in preventing such abuse, general practitioners still detect and report too few cases of child abuse. The barriers to this under-reporting are explored in the scientific literature but there is little research analysing GPs engagement with situations of maltreatment. This study attempts to determine what constitutes GP’s intervention in situations of suspected non-emergency child abuse in order to better understand their decision-making process and identify levers for action. To answer this question, semi-structured interviews were conducted with 6 GP practicing in the Wallonia-Brussels Federation. The data from the interviews were analysed using the grounded theory method. This research highlights four categories which emphasize the components of GPs’ intervention when faced with situations of suspected non-emergency child abuse. These categories are presented by progressively broadening our focus from the GP to the health care network in which the practitioner is involved. They are then arranged in a chart which allows the modelling of the decision-making process undertaken by these GPs. The analysis of this decision-making process makes it possible to understand the limits of theoretical knowledge and why suspicion of a situation of abuse is not enough to intervene. Appropriate training programs could adequately support GPs in the complexity of these situations by integrating the specificities of their interventions highlighted by qualitative studies. An example of a pedagogical activity developed on the basis of the results of this research is discussed at the end of the article. More than a simple acquisition of knowledge and skills, such training could contribute to the development of a reflexive posture among generalists, i.e. an awareness of the difficult decision-making process in which they engage.

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