2014
Cairn
Jacques Julliard et al., « L'âge d'or », Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle, ID : 10670/1.2psn27
De quand date le grand retournement qui va désormais situer l’« âge d’or », non pas dans un paradis perdu loin dans le passé, mais dans un avenir radieux ? C’est ce que se sont demandé les deux « débatteurs ». Il leur a semblé que le champ des hérésies médiévales européennes pouvait apporter, comme l’avaient pressenti Ernst Bloch et Henri de Lubac, une grande partie de la réponse. Le nom le plus souvent cité est, dans cette perspective, celui du moine franciscain Joachim de Flore (ca. 1130-1202), qui envisageait dans un schéma trinitaire historicisé un âge de l’« Esprit » (après ceux du Père et du Fils) où l’Église en tant que telle disparaîtrait alors que le règne de l’égalité adviendrait. Il est tentant, et beaucoup ont franchi le pas, de voir dans les utopies modernes une sécularisation de cette vision eschatologique. Mais des difficultés demeurent, car les mouvements révolutionnaires modernes supposent une intervention de la volonté humaine absente du schéma joachimite (et d’autres qui lui sont apparentés).