2015
Cairn
Léon Sampana, « La Démilitarisation paradoxale du pouvoir politique au Burkina Faso », Les Champs de Mars, ID : 10670/1.2rt9a6
Après la démission du président Compaoré à la suite du soulèvement populaire des 30 et 31 octobre 2014, les militaires s’emparent du pouvoir et s’immiscent dans la rédaction de la charte pour la transition. Mais la prise du pouvoir par l’armée est contestée par la communauté internationale et une partie de la société burkinabè qui exigent que les militaires rendent le pouvoir aux civils. L’armée cède le pouvoir à un Président civil, Michel Kafando, désigné par un collège électoral prévu par la charte. Les militaires n’abandonneront pas leur droit de regard sur le processus de transition politique en se positionnant au cœur des organes de la transition. Le compromis réalisé par les principaux acteurs de la scène civilo-militaire, c’est-à-dire l’armée, les leaders des partis politiques, et les organisations de la société civile débouche sur la constitutionnalisation de l’ingérence des militaires dans la vie politique. La transition civile se transforme en une transition civilo-militaire où l’armée apparaît comme un acteur clé du paysage politique burkinabè, paradoxe d’une démilitarisation du pouvoir politique, réclamée au lendemain de la chute du régime Compaoré.