2016
Cairn
Sylvie Taussig, « La conversion, un élitisme », Le Philosophoire, ID : 10670/1.2uqwoy
La conversion représente un mouvement à la fois physique et psychique qui permet au converti de se détourner d’un groupe pour entrer dans un autre qu’il pare de davantage de vertus – il serait plus proche de Dieu. Ainsi accède-t-il à une élite définie non par l’organisation sociale et politique centrale de sa société, sur la base de règles écrites ou non écrites, mais décrite par la théologie. Le propos de cet article est de voir si la conversion fonctionne bien dans le double sens du choix de telle communauté par l’aspirant et du choix par la communauté de répondre ou non à ce désir. Surtout, la valorisation actuelle de cet élitisme fonctionnerait-elle donc à la manière de celui d’une grande école par exemple ? Autrement dit, repose-elle sur une ambition de distinction par rapport à un milieu social d’origine peu mobile, et comporte-t-elle une dimension critique vis-à-vis des élites et surtout des mécanismes élitistes existants, présumés truqués. Le cas de la conversion à l’islam au Mexique et plus généralement en Occident servira de base de réflexion.