2021
Cairn
Eileen Williams-Wanquet, « Intertextuality as Subversive Moral Metacomment in the Novels of Anita Brookner », Études anglaises, ID : 10670/1.2y7h68
Il est possible de se fonder sur des éléments autobiographiques pour explorer les phénomènes d’intertextualité si fréquents dans les vingt-quatre brefs romans d’Anita Brookner. Ces références intertextuelles ont souvent été ignorées, ou bien considérées comme signe de snobisme intellectuel. Même si la critique est assez unanime à reconnaître l’élégance classique du style de Brookner, concis et contrôlé, ainsi que son intuition psychologique et son ironie, ses œuvres ont trop souvent été lues comme des versions allégées et assez ennuyeuses de romances de type Harlequin, anti-féministes et résolument pré-modernistes. Cet article montre que la fiction très cohérente de Brookner pose continuellement la même question éthique : « Comment aurais-je dû vivre ma vie ? ». Brookner utilise de nombreuses références intertextuelles (à la fois à la littérature et à l’art) pour offrir une réflexion philosophique sur la constitution du sujet, les capacités de l’être humain, et le dilemme éthique fondamental et éternel qu’est la division entre soi et autrui — grande question éthique que Zygmunt Bauman définit comme « mise en synchronie des conduites individuelles et du bien-être collectif » (4). En éclairant et en interrogeant la tradition européenne du dualisme cartésien, tel qu’il se manifeste dans l’humanisme libéral, ces romans proposent une réflexion résolument post-moderne sur le rationalisme chrétien de la modernité, qui sous-tend toute une culture et trouve son expression dans sa littérature.