2019
Cairn
Nicolas Azam, « « Ni stalinien, ni social-démocrate » : Le PCF face aux controverses sur la mort du communisme (1989-1994) », Revue d’études comparatives Est-Ouest, ID : 10670/1.35b6qw
Déjà affaibli par une longue suite de revers électoraux et de défections, le PCF est atteint par le séisme que constitue la dislocation du bloc soviétique. Cependant, contrairement à de nombreux autres partis communistes, il a traversé cette crise sans renoncer à son appellation et sans que soit délogé son principal dirigeant, Georges Marchais, dont le crédit politique était pourtant fortement anémié. Tandis que les nouvelles venues de l’Est mettaient à l’ordre du jour la question de la mort du communisme, quelles en ont été les répercussions au sommet du PCF ? L’article met en évidence l’exacerbation des luttes pour la redéfinition de la marque partisane et les techniques mises en œuvre pour amortir le choc provoqué. En effet, le corpus doctrinal et le modèle organisationnel considérés comme constitutifs de l’identité communiste sont mis en cause. Georges Marchais est alors aux prises avec des contestataires fortement dotés en ressources extrapartisanes et perçus comme désireux de modifier les équilibres internes à leur avantage. Au fil des coups échangés et des concessions tactiques improvisées, les règles du jeu partisan s’en trouvent modifiées. Le pluralisme interne, dont l’expression était autrefois prohibée en vertu du centralisme démocratique, est finalement normalisé et valorisé.