Le phénomène de peopolisation des anonymes de la téléréalité : de Loana à Jessica et Nabilla, analyse de la notoriété de trois candidates

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24 septembre 2019

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Angèle Saleille, « Le phénomène de peopolisation des anonymes de la téléréalité : de Loana à Jessica et Nabilla, analyse de la notoriété de trois candidates », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.37cw7q


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Depuis 2001, la téléréalité s’est durablement installée dans le paysage audiovisuel français. Elle a su conquérir et fidéliser un large public parmi les moins de 25 ans, qui constituent son cœur de cible. Mais en l’espace d’une vingtaine d’années, elle a subi de profonds changements : ses candidats, au départ interchangeables et sortis brièvement de l’anonymat pendant les quelques semaines de leur passage à la télévision, peuvent désormais accéder, pour une minorité d’entre eux, au statut de « people ».Comment ce passage à la « peopolisation » des candidats de la téléréalité a-t-il été possible et quelles en sont les conséquences ? Ce mémoire souligne trois points clés :En premier lieu, si les candidats ont été instrumentalisés au début des années 2000 par les sociétés de production, ils s’en sont progressivement émancipés en gagnant le statut de salarié depuis 2009, puis en tirant profit des modifications du format des programmes à partir des années 2012-2013. À cette époque, sont apparues des séries-réalité telles que « les Anges de la téléréalité » et « les Marseillais », qui mettent en scène des histoires scénarisées, où les candidats déjà connus pour leurs prestations dans de précédentes émissions, jouent leur propre rôle. C’est ainsi que la notoriété de certains candidats, devenus des professionnels médiatisés dans la durée au fil des programmes, a explosé jusqu’au vedettariat.Cette évolution, et c’est le deuxième point de ce mémoire, correspond à la demande d’un public jeune, sensible à la personnalité des jeunes hommes et jeunes femmes qui tiennent le haut de l’affiche, dont ils se sentent proches et qu’ils plébiscitent en les suivant sur les réseaux sociaux. La gestion de leur compte sur Instagram ou Snapchat a permis aux plus connus des candidats, Nabilla ou Jessica, de dépasser les 4 millions d’abonnés et de mener parallèlement une carrière d’influenceur au service des marques qui les rémunèrent, en s’affranchissant fortement au passage des sociétés de production.Enfin, et c’est le troisième point, si la téléréalité raconte des histoires d’amour et d’amitié, elle se présente comme une référence identitaire pour la génération des 12-25 ans, qui sont à l’âge où l’on rejette les modèles proposés par les adultes (parents, école) et où, bien plus que les générations précédentes, la socialisation se fait par les pairs grâce aux nouveaux usages des réseaux sociaux sur l’internet mobile. Elle le fait à sa façon, et joue ainsi un rôle probablement sous-estimé dans l’initiation des adolescents à l’amour et à ses codes, en dessinant de manière impressionniste un ensemble de « valeurs ». Conçue comme un divertissement, la téléréalité se trouve ainsi, à son corps défendant, porteuse d’une mission que ses candidats vedettes n’ont que faiblement conscience d’exercer.Alors que la téléréalité est dénoncée comme véhiculant la violence et les clichés sexistes, en suscitant à l’occasion les avertissements du CSA, un timide mouvement semble s’amorcer pour corriger le tir. Pour la première fois, une candidate, Jessica Thivenin, vient de prendre position sur un sujet de société, la violence faite aux femmes. Faut-il y voir l’amorce d’un assagissement, et le signe que les candidats les plus en vus ont pris le pas sur les sociétés de production, à qui ils seraient capables d’imposer certaines conditions ? Toujours est-il que le chemin pour sortir la téléréalité et ses candidats de leur image sulfureuse passe sans doute par une prise de conscience très affirmée sur ce terrain. Devenus des « people », les candidats vedettes –et plus encore les candidates - ont sans doute un rôle à jouer pour donner à la téléréalité ses lettres de noblesse, en faisant entendre leur voix pour s’opposer aux dérives « machistes » de ce type de programme.

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