Écrire les objets / Laisser les objets s’écrire

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2018

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Nicolas Bencherki, « Écrire les objets / Laisser les objets s’écrire », Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, ID : 10670/1.3dz9pb


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Les appels se multiplient à « positionner » la connaissance que produit le chercheur qualitatif, l’invitant à davantage de réflexivité (Harding, 1991 ; Rose, 1997). Cette « positionnalité » est présentée comme une démarche éthique, prémunissant le ou la chercheur(e) contre la tentation d’imposer ses propres catégories ou formes de connaissance aux gens qu’il ou elle étudie. En effet, la recherche doit être un espace, laissant toute la place à la voix des sujets de la recherche (Nagar-Ron et Motzafi-Haller, 2011 ; Spivak, 1988). Cependant, qu’en est-il des chercheurs qui étudient des choses, et non pas des gens ? Quelle voix peut-on recueillir lorsque l’on n’a pas des sujets, mais bien des objets, comme participants à la recherche ? Quelle responsabilité éthique le chercheur a-t-il envers les objets ? Poursuivant la pensée de Bruno Latour (1994) sur l’interobjectivité, je propose que le chercheur « objectif » n’est pas celui qui fait fi de l’impératif de positionnalité et de l’invitation à laisser ses participants exprimer leur voix. Au contraire, le chercheur objectif est celui qui donne voix aux objets, qui cherche des modalités d’expression qui leur sont propres, évitant ainsi, lui aussi, d’imposer ses catégories à ses participants. Ce texte souhaite mettre en évidence que des stratégies existent déjà pour faire parler les objets, que peut emprunter la recherche qualitative.

Writing objects/Letting the objects write themselvesCalls are multiplying for qualitative researchers to ‘position’ their knowledge. They are invited to exercise more reflexivity (Harding, 1991 ; Rose, 1997). Positionality is presented as an ethical imperative, guarding the researcher against the temptation to impose their own categories or forms of knowledge to the people being studied. Indeed, research should leave all the necessary space for subjects’ voices to express themselves (Nagar-Ron et Motzafi-Haller, 2011 ; Spivak, 1988). But what of research concerning things rather than people ? What voices can be carried when research participants are objects, rather than subjects ? What is the researcher’s ethical responsibility towards objects ? Building on the work of Bruno Latour (1994) on interobjectivity, I propose that the ‘objective’ researcher is not the one who dismisses the imperative of positionality and the invitation to let participants express their voice. On the contrary, the objective researcher precisely gives a voice to objects and is on the lookout for their own expressive modalities. This paper reveals that strategies already exist to make objects speak, that qualitative researchers could adopt.

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