2002
Cairn
Paul L. Harris, « Penser à ce qui aurait pu arriver si... », Enfance, ID : 10670/1.3e11ny
RÉSUMÉ Des théoriciens aussi différents que Freud et Piaget ont eu tendance à présenter une vision négative de l’imagination des très jeunes enfants. Ceux-ci confondraient d’une part ce qui est réel et ce qui est imaginaire ; dans la mesure où ils sont totalement absorbés par l’activité imaginaire, ils cesseraient d’autre part d’analyser la réalité de façon objective. J’argumente ici contre ces deux idées reçues. J’essaie de montrer que les enfants, quand bien même ils entretiennent des mondes purement imaginaires et peuvent s’impliquer émotionnellement en y pensant, continuent néanmoins à faire la différence entre ce qui est imaginaire et ce qui est réel. Les enfant, qui plus est, ne perdent pas de vue le monde réel lorsqu’ils pensent à ces alternatives. Comme les historiens ou les avocats, ils comparent constamment ce qui s’est passé avec ce qui aurait pu se passer. Grâce à ces comparaisons, ils tirent certaines conclusions concernant la cause d’un événement donné et élaborent des jugements moraux à son sujet. Enfin, les jeunes enfants utilisent leur imagination pour donner sens aux histoires racontées par d’autres, et concernant des événements qu’ils ne peuvent pas observer eux-mêmes. D’une façon générale, l’imagination reste, tout au long de la vie, un compagnon fidèle de la pensée orientée vers la réalité.