2016
Cairn
Julien Giry, « Le conspirationnisme. Archéologie et morphologie d’un mythe politique », Diogène, ID : 10670/1.3f1o4d
À partir d’une approche empirique basée sur l’observation de plusieurs théories conspirationnistes (complot templier, jésuite, illuminati, franc-maçon, juif voire reptilien), il nous a semblé possible de dégager six traits invariants. D’abord, les mythes conspirationnistes sont caractérisés par la désignation non aléatoire de boucs-émissaires parmi les minorités ethniques ou religieuses. Deuxièmement, ces boucs-émissaires se livrent à une quête du pouvoir absolu, c’est-à-dire qu’ils cherchent à occuper les positions de domination dans tous les champs. Pour ce faire, troisièmement, ils font peser la corruption, en particulier celle des mœurs, sur la société dans son ensemble. Quatrièmement, pour imposer leur domination, les boucs-émissaires recourent à l’art de la simulation et de la dissimulation, au culte du secret. Cinquièmement, les boucs-émissaires sont systématiquement représentés par des types morphologiques symboliques, en particulier sous des traits animaliers. Enfin, sixièmement, les mythes conspirationnistes sont soumis à un processus d’hybridation et de créolisation, c’est-à-dire des mutations et un amalgame des différentes théories du complot entre elles.