2016
Cairn
Laurent Touchart, « Le bilan thermique des étangs : réflexion épistémologique et application aux étangs limousins », Annales de géographie, ID : 10670/1.3ixu3w
Le concept de bilan thermique d’un lac, créé au xixe siècle, a connu l’une des évolutions sémantiques les plus disparates de l’histoire de la limnologie. À travers de multiples significations dérivées, il est possible de déceler une propension récente à lui donner le sens de somme algébrique des flux énergétiques à l’interface entre l’eau et l’air. Ainsi, par un renversement de paradigme épistémologique, le bilan thermique n’est plus un but, mais un moyen, et la limnologie est dépossédée de son estimation, au profit de la climatologie. On discute ici l’intérêt d’un retour au sens initial de différence entre le nombre maximal et minimal de calories contenues dans le plan d’eau, favorisant une démarche géographique intégratrice et hydrosystémique. On propose aussi : (i) d’appliquer ce concept créé pour les lacs aux étangs, qui se distinguent par leur petite taille, leur stratification éphémère et leur capacité à déverser la totalité du volume calorifique dans le réseau hydrographique lors des vidanges ; (ii) d’étudier les variations calorifiques à toutes les échelles de temps, y compris instantanées ; (iii) de travailler à l’avenir à partir de plusieurs profils thermiques. Les premiers résultats, concernant quelques étangs limousins, montrent le bien-fondé du retour épistémologique. En effet, les fortes valeurs de fin d’été proviennent des rythmes de brassage par convection forcée, donc du fonctionnement limnologique, et non des flux énergétiques d’origine climatique.