6 décembre 2017
Open Access , http://purl.org/eprint/accessRights/OpenAccess
Mickaël José Félix Gadras, « Le présent vécu comme processus de formation du sujet anthropologique : une herméneutique de la parole en condition de migration précaire », Theses.fr, ID : 10670/1.3nwhps
Au plan social, se sentir exister c’est éprouver sa vie comme faisant oeuvre dans les possibilités du monde qui produisent la reconnaissance des sujets dans une communauté humaine : ce que l’on entend communément par le vocable « vivre ». Dans une perspective ontologique, le désir d’être et d’exister procède chez l’homme d’un pouvoir de pâtir et de l’épreuve qu’il fait des sentiments par lesquels émerge chez lui la possibilité d’une « présence à soi », dans le présent vécu. L’être vivant est pris dans un double mouvement, celui d’un organisme autonome et celui d’un être pris dans l’ordre du monde : cet enroulement de l’être en-vie dans la « Vie » engendre une idée de soi et du monde. De cette dynamique vitale et formative résulte une double implication anthropologique : une manière de se comprendre et d’aborder le monde. Ce rapport formatif enveloppe deux ordres du « vivant » à la jonction de l’individuel et du social : comment je vis la vie et comment je dis ce que je vis. Considérant que le déploiement de la parole s’inscrit dans cette double perspective d’« appropriement », l’enjeu de cette recherche repose sur l’élaboration d’un processus d’investigation de la parole permettant d’explorer la manière dont l’être se compose avec le monde à partir de ses propres conditions d’existence. Se déployant au terme d’une démarche ethnographique réalisée dans un « squat d’habitation » occupé par le collectif des Sorins (un groupe de migrants en situation dite « illégale »), l’interprétation herméneutique de la parole proposée dans ce travail éclaire la manière dont un sujet fait l’épreuve des modes d’« invivabilité » qui s’imposent à lui au regard de son statut politique ainsi que le réseau de relations à travers lequel il conçoit sa « situation » de vie et se tourne vers le monde.