Enseigner la sociologie et produire de l'espace urbain en Afrique noire francophone : un cas « d'école »

Résumé Fr En Es

Cet article se propose d’identifier quelques points d’appui qui ont permis la création d’une école d’architecture et d’urbanisme inter-États à Lomé (Togo) et de soulever les questions que cette structure suscite aujourd’hui. Les modèles qui ont inspiré les contenus et la pédagogie proposés semblent relever d’un passé colonial – français – ; mais l’influence de la France se perpétue par l’intermédiaire de divers organismes en particulier dans le domaine de l’éducation. La comparaison entre l’école de Lomé et une école d’architecture française sert de premier analyseur. Le second porte sur les conditions de fabrication de la ville dans la mesure où la formation fournie par cette école aux futurs professionnels s’inscrit dans des contextes urbains en mutation permanente ; à cet égard les rôles et actions attendus de ces futurs professionnels ne peuvent qu’être limités. Les dispositifs institutionnels de cette fabrication s’avèrent en effet rapidement obsolètes ou restent inappliqués. L’importance attribuée à la composante sociologique (introduite dans les écoles françaises dès les années soixante-dix) reste donc faible dans la formation au projet architectural et urbain dans l’école de Lomé. Elle n’est pas encore considérée comme une discipline permettant d’offrir des outils pratiques et cognitifs dans les situations urbaines en Afrique.

This article seeks to identify several factors which contributed to the creation of an inter-state school of architecture and urban studies in Lomé (Togo) and to consider the questions which this structure raises today. The models which inspired the proposed contents and pedagogy seem to derive from a colonial past – in this case French – but French influence is still transmitted by various organisms and particularly within the field of education. The comparison between the Lomé school and a French school of architecture provides a first basis for analysis. The second concerns the conditions pertaining to the construction of the town insofar as the training provided by this school to future professionals was set in urban contexts of permanent mutation, therefore with inevitable limitations upon the roles and actions expected of these future professionals. Institutional arrangements were rapidly obsolete or untried. The value attributed to sociology (introduced into French schools in the 70’s) remains therefore weak in the Lomé school and it is still not considered as a discipline offering tools of practical and cognitive relevance with regard to urban situations in Africa.

ResumenEl artículo identifica ciertos aspectos cruciales que permitieron la creación de una escuela de arquitectura y de urbanismo inter-estados à Lomé (Togo) y muestra los cuestionamientos que dicha estructura suscita hoy en día. Los modelos de los cuales se inspiro el contenido y la pedagogía propuesta parecieran estar ligados a un pasado colonial – francés –, en efecto la influencia francesa se perpetua a través de diversos organismos particularmente en el campo de la educación. La comparación entre la escuela de arquitectura de Lomé y una escuela francesa resulta ser un primer cuadro de análisis. El segundo se refiere a las condiciones de la producción de la ciudad, a partir de la formación que los futuros profesionistas en dicha escuela, confrontados a contextos urbanos en mutación permanente, ello explica que el rol y las acciones de dichos profesionistas son limitados. En efecto, los dispositivos institucionales de la producción de la ciudad resultan ser obsoletos u inaplicables. Sin olvidar que la componente sociológica (introducida en las escuelas de arquitectura francesas en los años 70) es minima en la formación sobre el proyecto urbano y arquitectónico en la escuela de arquitectura de Lomé. La componente sociológica no es considerada aún como una disciplina que ofrezca las herramientas prácticas y cognitivas de los contextos urbanos en África.