14 mars 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Natacha Chetcuti, « La nomination de soi, entre catégorisation et intelligibilité : penser le genre », Presses Sorbonne Nouvelle, ID : 10670/1.3teh7i
À partir de données recueillies dans une thèse en sociologie (2008, 2010), l’article de Natacha Chetcuti s’intéresse aux manières de se dépendre des assignations normatives de genre et de corporéité à partir d’une dimension qui est celle du processus d’autonomination dans un contexte de situation minoritaire. Deux concepts clés constituent ici la trame de l’écriture. Le premier : celui de l’autonomination comme procédé méthodologique permettant de saisir l’effet de la norme en ce qui concerne le rapport sexe/genre et sa réinterprétation à partir de l’énonciation de soi en tant que lesbienne. Le second, qui fait suite à l’analyse empirique, à partir précisément du cadre interprétatif de l’autonomination, est celui d’un processus que l’auteur désigne sous le nom de « dés-hétérosexualisation ». Cette opération, constatée à partir de l’analyse des entretiens menés entre 2003 et 2008 auprès de lesbiennes de 30 à 50 ans, consiste dans la capacité à se nommer en tant que lesbienne et prend forme et sens dans la perception d’un corps qui se distancie de l’idéal normatif binaire de genre. L’autonomination de soi conduit dans la plupart des parcours décrits vers un processus qui s’oppose à la naturalisation des corps genrés pour produire des corps des-hétérosexualisés, composant ainsi un nouveau mode d’intelligibilité d’un « corps propre » en référence non plus à l’hétérosexualité comme principe de l’altérité, mais à celui d’une culture dé-médiatisée de la norme hégémonique. Un mode de l’altérité se trouve ainsi redéfini, qui ne se soutient plus du principe de la différence des sexes.