2020
Cairn
Adrien Guignard, « Greffons ! : « Biopolitique », « clinique », « illusion » de l’écriture autobiographique avec deux (ou trois) voix comprenant les cœurs (transplantés) ? », A contrario, ID : 10670/1.3wenre
Le propos constate la grosse fortune éditoriale et théorique du récit de maladies dans le contexte large des humanités médicales. Il acquiesce. L’interroge de manière critique, toutefois. Voici pourquoi une longue introduction s’essaie au développement du premier temps intitulé et nourri de copieux guillemets. On y glose, en effets, greffés, des éléments de la pensée de Brossat (pour le « biopolitique », issu de Foucault), d’Artières (pour l’historique du « clinique ») et de Bourdieu (pour « l’illusion »). Ces gloses effectuées font apparaître que des pensées peu favorables à une instrumentalisation promotrice d’une « fonction thérapeutique de la narrativité » convoquent admirablement la (grande) chose littéraire, alors que des conceptualisations pédagogiques contemporaines – proches des travaux revendiqués comme « sociologie clinique » – ne convoquent pas la littérature, mais en réclament des bénéfices « conscientisés ». La seconde partie du propos est plus empirique (voire « transitionnelle », ou presque). Appariée à la première en admettant qu’un des pouvoirs du récit de maladie consiste à « comprendre les compréhensions », elle propose des interprétations. Deux récits petitement littéraires (C. Valandrey et C. Desarzens) de greffes cardiaques sont convoqués. Les interprétations risquées laissent apparaître les logiques lucides, extralucides, policières organisatrices d’une opération réussie (mais très lourde) : répondre à la question de l’origine (du cœur transplanté). Une citation qui, elle, heureusement, n’y répond pas tirée de L’intrus (J.-L. Nancy) clôt l’article. Un post-scriptum ne le conclut pas.