2020
Cairn
Philippe Guignet, « Les métamorphoses politiques d’un territoire. Le Valenciennois de 1870 à 1914. De l’arrondissement conservateur et/ou bonapartiste à « l’arrondissement rouge » », Revue du Nord, ID : 10670/1.43bh83
Le Valenciennois, bastion de la révolution industrielle du xixe siècle, fait figure à la veille de la Grande Guerre d’archétype de l’« arrondissement rouge » selon l’expression en usage à l’époque. Pourtant il fut pendant le second xixe siècle un arrondissement bonapartiste modérément tenté par l’option républicain « opportuniste ». En 1888, les Valenciennois votent avec empressement pour le général Boulanger. L’irruption du socialisme fut en fin de compte tardive, mais rapidement décisive. Une vague d’une ampleur peu commune recouvre en peu d’années les trois circonscriptions qui en 1906 portent au parlement trois députés SFIO. M. Guignet qui a composé une série de cartes communales hiérarchisées selon l’appartenance politique décrit et explique ce grand mouvement de bascule qui réduit les territoires de la droite à une peau de chagrin. Des radicaux modérés s’installent dans les secteurs longtemps fidèles aux conservateurs, tandis que les communes ouvrières adhèrent avec enthousiasme à l’espérance socialiste. Dans cette région de dur labeur industriel où prolifèrent les emplois pénibles au feu et au fond de la mine, le socialisme d’inspiration guesdiste est, selon l’expression de Durkheim, « un cri de douleur et un cri de colère ». La radicalité de cette évolution s’explique aussi par le détachement religieux en un temps où le socialisme se colore d’anticléricalisme.