De l’alcool à l’abstinence, déni de la réalité interne et clivage du moi : Le cas de Thomas

Résumé Fr En

De nombreux auteurs en psychopathologie psychanalytique ont relevé la difficulté pour les sujets alcoolodépendants de concilier deux éléments psychiques contradictoires. Des couples d’opposés semblent gouverner leur vie psychique comme l’oscillation entre mégalomanie et inhibition, omnipotence et soumission, disparition de soi dans l’alcoolisation et dissimulation de soi dans la sobriété. Dans cet article, l’auteur cherche à montrer, à travers la situation clinique de Thomas, que l’abstinence ne modifie pas une telle organisation psychique. En effet, cette difficulté à lier ou à concilier deux éléments psychiques contradictoires semble persister. Cela rendrait compte du clivage du moi qui résulterait d’un déni de la réalité interne. Pour Thomas, le questionnement sur l’origine et la mise en évidence d’un fantasme de retour au ventre maternel pourraient construire l’ébauche d’une position subjective. Enfin, nous discuterons d’un retour de la capacité de liaison psychique à travers la notion de « greffe d’inconscient ».

Many authors in psychoanalytic psychopathology have pointed out the difficulty for alcoholic dependent subjects to reconcile two contradictory psychic elements. Opposite couples seem to govern their psychic lives as the oscillation between megalomania and inhibition, omnipotence and submission, disappearance of self in alcoholism and concealment of self in sobriety. In this article, the author seeks to show, through the clinical situation of Thomas, that abstinence does not alter such a psychic organisation. Indeed, this difficulty in linking or reconciling two contradictory psychic elements seems to persist. This would account for the split of the self that would result from a denial of internal reality. For Thomas, the questioning on the origin and the highlighting of a fantasy of return to the womb could build the draft of a subjective position. Finally, we will discuss a return of psychic bonding capacity through the notion of “unconscious transplant”.