Régimes de scolarisation et savoirs scolaires : Notes pour une sociohistoire de l’enseignement secondaire en France

Résumé Fr En Es

L’article construit une grille de lecture pour donner sens à l’évolution des programmes. Si ces derniers sont des politiques, les rapports sociaux sont leur condition et leur objet : dans les curricula se logent des projets de société. Les savoirs certifiés par des diplômes sont ainsi aujourd’hui un puissant moyen de réguler les inégalités, y compris économiques. L’analyse du premier cycle du secondaire entre 1880 et 2015 caractérise le régime de scolarisation –rapport entre une offre de scolarisation et une demande sociale– propre à chaque état historique. Elle dégage trois ères : celle de la distinction (environ 1880-1960) qui correspond à un projet politique assignant au secondaire la fonction de distinction des élites ; celle de la méritocratie, 1960-1990 environ, qui répond au projet politique d’élargissement de la base sociale du secondaire pour y trouver des aptitudes techniques propices au développement industriel ; celle de l’évaluation, débutée vers 1990 avec la mondialisation, où le savoir est vu comme un facteur crucial de production. La politique scolaire vise à élever le niveau général de la population et à conduire tous les élèves à la réussite en fin de secondaire obligatoire. Le temps n’est donc pas considéré ici par le sociologue comme uniforme, mais avec des covariations, des fractures comme les historiens en repèrent.

The article produces a reading grid to give meaning to the evolution of academic programs. If the latter are policies, social relations are their condition and their purpose: projects of society are hosted within curricula. Thus, knowledge certified by diplomas is today a powerful means of regulating inequalities, including economic ones. This analysis of the first and second years of secondary school between 1880 and 2015 characterises the education system –the relationship between an educational offer and a social demand– specific to each historic state. It spans three eras: the era of distinction (approximately 1880-1960) which corresponded to a political project assigning to the secondary school the function of the distinction of the elites; the era of meritocracy; approximately 1960-1990, which replied to the political project of broadening the social base of the secondary school in order to develop technical capabilities favourable to industrial development; and the era of assessments, which began around 1990 with globalisation, in which knowledge is seen as a crucial factor of production. Educational policy aims to raise the general level of the population and to lead to the success of students at the end of compulsory secondary schooling. Therefore, sociologists do not considered time here as uniform, but with covariations, as breaks detected by historians.

El artículo construye un modelo de interpretación para dar sentido a la evolución de los programas. Si estos últimos son políticas, las relaciones sociales son su condición y su objeto: en los currículos habitan los proyectos de sociedad. En la actualidad, los conocimientos certificados por títulos constituyen una manera de regular las desigualdades, incluidas las económicas. El análisis del primer ciclo del secundario entre 1880 y 2015 caracteriza el régimen de escolarización –relación entre una oferta de escolarización y una demanda social propia de cada estado histórico. Se ponen de manifiesto tres eras: la de la distinción (alrededor de 1880-1960) que corresponde a un proyecto político que asigna al secundario la función de distinción de las élites; la de la meritocracia, alrededor de 1960-1990, que responde al proyecto político de ampliación de la base social del secundario para encontrar aptitudes técnicas propicias al desarrollo industrial; la de la evaluación, comenzada hacia 1990 con la universalización, donde el conocimiento se ve como un factor crucial de producción. La política escolar tiene por objeto elevar el nivel general de la población y conducir a todos los alumnos al finalizar éxito en final de secundario obligatorio. El sociólogo no considera el tiempo como uniforme, sino con covariaciones, fracturas como los historiadores sitúan.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en