Les Grecs anciens ont-ils géré avec prudence les finances de leurs cités ?

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2018

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Léopold Migeotte, « Les Grecs anciens ont-ils géré avec prudence les finances de leurs cités ? », Entreprises et histoire, ID : 10670/1.4h9z8p


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Les cités grecques de l’Antiquité étaient très nombreuses, chacune était en principe souveraine et, à partir du IVe siècle avant J.-C., la plupart ont pratiqué la démocratie directe. Elles ont eu une longue histoire, mais c’est surtout aux périodes classique et hellénistique (environ 500-30 avant J.-C.) que leur administration financière est relativement bien connue. Elles ont certes commis des erreurs et des imprudences : plusieurs se sont endettées lourdement, par exemple, et beaucoup ont connu des périodes de crise. Mais, selon les philosophes, la prudence ou la sagesse ( phronèsis) était indispensable aux hommes politiques et l’on observe que beaucoup de cités ont fait des efforts dans ce sens. En effet, la plupart pouvaient compter sur des revenus diversifiés, dont certains étaient stables car ils provenaient de biens patrimoniaux et de fondations. Plusieurs cités ont mis en place des réserves monétaires, en particulier dans des caisses sacrées. Beaucoup ont tâché d’équilibrer leurs revenus et leurs dépenses et de planifier au moins une partie de ces dernières. En général, elles se sont efforcées de payer leurs dettes, de tenir leurs comptes avec sérieux et de contrôler sévèrement leur gestion. Leur système financier était donc plus complexe et mieux organisé qu’on ne l’a souvent prétendu. Surtout, son originalité était d’avoir pour cadre la démocratie directe : d’une part, les citoyens réunis en assemblée générale détenaient le pouvoir souverain et décidaient donc eux-mêmes, entre autres, de leurs obligations et de celles des autres résidents ; d’autre part, il était normal pour les riches de contribuer personnellement aux dépenses de leur cité, tantôt dans le cadre de charges publiques, tantôt par des générosités supplémentaires. Ces contributions avaient certes le défaut de mettre parfois les cités à la merci de leurs notables, dont le pouvoir et l’influence se sont accrus dans la seconde moitié de la période hellénistique. Mais elles faisaient partie intégrante du système et servaient en quelque sorte d’impôt sur le revenu. Leur élasticité donnait de la souplesse à la gestion des finances et permettait de corriger ses lacunes et ses défaillances.

There were many ancient Greek cities. Each of them was in principle sovereign and, by the 4th century B.C., most of them practiced direct democracy. From their long history, it is during the Classical and Hellenistic periods (circa 500-30 B.C.) that quite a lot is known about their financial administration. It is clear that they made mistakes and did imprudent things as several were heavily in debt and many experienced crises, for example. According to philosophers, however, caution or wisdom (phronèsis) was essential for politicians and many cities worked towards this goal. In fact, most of them could depend on diversified revenues, some of which were stable because they came from heritage assets and foundations. Several cities put monetary reserves in place, in particular in sacred coffers. Many of them tried to balance their revenues and their spending, and to plan at least part of the latter. In general, they tried to pay their debts, to keep their accounts rigorously and to manage them in a strictly controlled way. As a result, their financial system was more complex and better organized than is often alleged. Its original feature was to have direct democracy as a framework. On the one hand, citizens had sovereign power in a general assembly and thus determined, for example, their obligations and those of other residents. On the other hand, it was considered normal that wealthy people personally contribute to the city’s spending through public charges or additional donations. Obviously, those contributions could result in cities being dependent on their notables, whose power and influence increased during the second half of the Hellenistic period. Nonetheless, they were an integral part of the system and were a form of income tax. Their flexibility facilitated the cities’ financial management and allowed to correct for shortfalls and defaults.

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