2016
Cairn
Jean-Claude Michéa, « Droit, libéralisme et vie commune », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.4i83cu
Le projet libéral est celui d’une société où chacun pourrait vivre « comme il l’entend » – libre, dès lors, de faire ce qu’il veut de son corps, de son temps ou de son argent – et dont l’État devrait seulement veiller à ce que la liberté des uns ne nuise pas à celle des autres. À ce titre, il ne reconnaît donc que la vie privée, dont il n’a rien à dire, et la vie publique, réglée par la seule instance du Droit abstrait et « axiologiquement neutre ». C’est ainsi l’idée même de vie commune, toujours suspecte de réintroduire une idéologie du Bien, qui finit par disparaître au profit de la seule coexistence pacifique d’individus supposés « mutuellement indifférents ». Mais sans une référence minimale à l’idée de monde commun, peut-on encore parler de « société » ?