5 novembre 2016
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Marion Alluchon, « Du Douanier Rousseau à Gaston Chaissac : la reconnaissance de l'art naïf en France et aux Etats-Unis (1886-1948) », Theses.fr, ID : 10670/1.4pt6q5
Reconnu par les avant-gardes au tournant du XXe siècle pour sa rafraîchissante primitivité, encensé jusqu’aux années 1950, l’art naïf est aujourd’hui tout à fait négligé. Grâce aux expositions rares mais régulières qui lui sont consacrées, seul Henri Rousseau dit le Douanier semble encore susciter quelque intérêt. Mais les peintres révélés à sa suite, autodidactes et d’extraction populaire comme lui et répondant aux noms d’André Bauchant, Camille Bombois, Séraphine Louis, René Rimbert ou Louis Vivin, ne jouissent plus du même succès. Pourtant, leur reconnaissance durant l’entre-deux-guerres prit des dimensions insoupçonnées. «Peintres du Cœur Sacré», «Primitifs Modernes», «Maîtres Populaires de la Réalité» ou encore, outre-Atlantique, artistes folk et self-taught, ceux qui furent définitivement labellisés art naïf à partir de 1950, comptaient parmi les peintres les plus appréciés. Outre le fait de combler un chapitre encore peu investi de l’histoire de l’art et de celle du primitivisme, nous cherchons à comprendre les raisons d’un tel décalage. Notre thèse retrace et analyse ainsi la reconnaissance de l’art naïf, de son émergence avec Henri Rousseau en 1886 à son institutionnalisation par le Musée national d’art moderne français en 1948. A travers l’étude des définitions qui lui furent successivement appliquées, nous constatons que ce type de «primitifs», loin de demeurer associés aux artistes les plus avant-gardistes, fut aussi célébré par une famille artistique conservatrice et réactionnaire qui, tout en les encensant, eut certainement raison de leur postérité.