2021
Cairn
Armand Ngaketcha, « Une lecture technoprogressiste de la Déclaration de Montréal sur l’IA : quels enjeux pour l’éthique de demain », Droit, Santé et Société, ID : 10670/1.4saydf
Le 28 novembre 2018, à l’initiative de l’Université de Montréal a été publié l’un des tout premiers textes normatifs à caractère national, après la conférence internationale d’Asilomar (2017) sur l’IA. Intitulé Déclaration de Montréal pour une IA éthiquement responsable, ce texte normatif se positionne dans la géopolitique mondiale de l’IA comme une approche visant à faire de l’IA un instrument de progrès et d’inclusion au travers d’algorithmes humainement pensés et éthiquement implémentés. Élaborée à partir d’une méthodologie originale appelée « co-construction citoyenne », la Déclaration de Montréal repose sur 10 principes éthiques normatifs, dont le but est d’encadrer le développement et le déploiement de l’IA. Pourtant, en analysant non seulement les enjeux géopolitiques de l’IA, ainsi que sa structuration éthique autour des concepts tels que « humanisme numérique » et « agentivité humaine », il se pose deux constats majeurs : Une absence de consensus réel sur une approche fondamentale, qui devrait guider le développement et le déploiement de l’IA et surtout, une perspective techno-progressiste de la Déclaration de Montréal articulant une vocation techno-optimiste de l’IA. Cet état de choses démontre d’une part, la complexité du positionnement de la Déclaration de Montréal pour une IA éthiquement responsable dans le défi d’une régulation internationale ; et d’autre part, le challenge d’un compromis éthique rigoureux entre le développement de l’IA et la permanence d’une agentivité humaine. Car le techno-optimisme de la Déclaration de Montréal face à l’IA, entraîne avec lui le risque accru d’une autonomisation des systèmes d’intelligence artificielle, mettant finalement en avant la question d’une perspective transhumaniste du développement de l’IA.