2016
Cairn
Fabrice Leroy et al., « L’intrus qui venait de l’intérieur : Le cancer, entre corps affecté et sujet divisé », Cliniques méditerranéennes, ID : 10670/1.54g20b
Si l’intrus est celui qui s’introduit de force dans un lieu sans y être invité et sans en avoir le droit (l’indésirable et l’illégitime), le cancer semble agir de même, à ceci près : l’intrus était déjà là, à l’intérieur, et on ne le savait pas. D’où un paradoxe : comment ce qui était déjà là peut-il faire intrusion ? Qu’est-ce qui fait intrusion : être malade, ou se savoir malade ? Comment ce qui a toujours été en soi, au plus intime d’une réalité biologique et psychique, peut-il se retrouver du jour au lendemain transformé en figure de l’étrange et de l’étranger en soi ? À travers deux récits, « l’intrus » de Jean-Luc Nancy, et « Hors de moi », de Claire Marin, nous nous proposons de cerner d’un peu plus près cette figure de l’intrus, et de l’articuler ensuite d’une part à l’inquiétante étrangeté chez Freud, d’autre part à l’extime chez Lacan. Autant de manière de dire ce qui, au plus intime, « à l’intérieur », s’éprouve comme extériorité troublante, au point de s’étendre parfois au sujet lui-même.