Neurosciences cognitives et idéaux d’autonomie

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2021

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Alain Ehrenberg, « Neurosciences cognitives et idéaux d’autonomie », Revue française de psychanalyse, ID : 10670/1.5844kj


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Les neurosciences cognitives ont acquis une forte légitimité bien au-delà de la neurologie et de la psychiatrie. Leur expertise est demandée dans les domaines les plus divers. Cet article explore l’hypothèse que ce succès social et politique tient à l’acquisition d’une autorité morale. Celle-ci repose sur la transfiguration, dans des langages scientifiques, d’idéaux traditionnels de régularité du comportement. Nés au xviiie siècle et se poursuivant du behaviorisme vers 1900 jusqu’aux neurosciences cognitives de la fin du xxe siècle, ils sont infléchis par des idéaux de changement personnel et d’autonomie individuelle qui se sont diffusés à partir du dernier tiers du xxe siècle. Les neurosciences cognitives apportent à ces idéaux les promesses d’un développement illimité des capacités humaines. Tel est l’horizon d’attente qu’elles suscitent et d’où elles tirent une bonne part de leur autorité.

The cognitive neurosciences have acquired a strong degree of legitimacy well beyond that of neurology and psychiatry; their expertise is required in the most diverse domains. This article explores the hypothesis that this social and political success lies in the acquisition of moral authority. This is based on the transfiguration, in scientific languages, of the traditional ideals of regularity of behaviour, beginning in the 18th century and continuing with behaviourism around 1900, up until the emergence of the cognitive neurosciences at the end of the 20th century; they were then modified by the ideals of personal change and individual autonomy which became widespread in the last quarter of the 20th century. The cognitive neurosciences bring to these ideals the promises of an unlimited development of human capacities. This is the horizon of expectation that they create and from which they derive a large part of their authority.

Las neurociencias cognitivas han adquirido una gran legitimidad más allá de la neurología y la psiquiatría, su “savoir faire” es solicitado en campos muy diversos. Este artículo plantea y explora la hipótesis de que el éxito social y político está basado en la autoridad moral. La misma se apoya en el cambio, en los lenguajes científicos, de los ideales tradicionales de la regularidad del comportamiento, que vieron la luz en el siglo xviii y que se prosiguen desde el conductismo en los novecientos, hasta las neurociencias cognitivas de finales del siglo xx, luego transformadas por los ideales de cambio personal y autonomía individual que se difunden a partir del último tercio del siglo xx. Las neurociencias cognitivas aportan a dichos ideales promesas ilimitadas de un desarrollo ilimitado de las capacidades humanas. Ese es el horizonte de espera que procuran y del cual obtienen buena parte de su autoridad.

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