Addiction à internet et hikikomori : quels repères cliniques face à l’expansion des conduites de retrait social ?

Résumé Fr En

Les étiquettes diagnostiques indexant des conduites de retrait social se sont multipliées au tournant du xxie siècle. Cependant, ces diagnostics renvoient à des ensembles symptomatologiques divers et des logiques individuelles et sociales parfois contradictoires. La clinique connaît des sujets insérés qui peuvent se sentir isolés, ou des sujets effectivement isolés, mais qui parfois restent sans plainte quant à cet isolement (syndrome hikikomori, « addictions à internet »). Nous revenons d’abord sur l’écart structural entre solitude et isolement. Puis nous discutons cette proposition de repérages à l’appui d’une méthodologie clinique. À partir d’une série de vignettes de sujets adolescents (trois garçons et une fille) rencontrés dans des dispositifs de soins psychiques, nous montrons certains usages (auto-)thérapeutiques du retrait social et des dispositifs numériques dans ce contexte.

Since the beginning of the twenty-first century, diagnostic labels of social withdrawal behaviours have been multiplying. However, these diagnoses refer to a range of different symptomatological sets, as well as individual and social rationales that are sometimes contradictory. In clinical work, we encounter socially integrated subjects who may feel isolated, as well as subjects who are effectively isolated but who sometimes have no complaint about this social withdrawal ( hikikomori syndrome, “internet addictions”). We first revisit the structural gap between loneliness and isolation, and then discuss the proposal of detecting these phenomena with the support of a clinical methodology. Based on a series of vignettes of adolescent subjects (three boys and one girl) met in psychological care facilities, we present some (auto-)therapeutic uses of social withdrawal and digital devices in this context.