L’État cannibale. Rumeurs de trafic d’os exhumés au Pérou

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2021

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Dorothée Delacroix, « L’État cannibale. Rumeurs de trafic d’os exhumés au Pérou », Cultures & Conflits, ID : 10670/1.5sivai


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Les exhumations des morts de la guerre au Pérou visent à leur rendre leur dignité tout en soulageant la souffrance des proches et en œuvrant, plus largement, à la réconciliation nationale à travers la recomposition du tissu social. À rebours de ces idéaux, l’article aborde le cas des exhumations forcées qui ne visent pas les disparus, mais les individus que les familles avaient déjà pu enterrer pendant la guerre et qui se voient soumises, par cette pratique, à une épreuve de vérité. Les réactions locales à cette gestion bureaucratique des exhumations ont engendré des rumeurs de marchandisation des os exhumés qui portent en elles la rupture d’un contrat moral entre les parties prétendument réparatrices et réparées. Pour le montrer, l’article examine : l’économie du soupçon ; la valence différentielle des restes humains à partir de leur prise en charge institutionnelle ; les termes de la rencontre bureaucratique entre les paysans et les agents de l’État ; et la portée de ces rumeurs en termes de discours critiques à l’égard des politiques publiques d’aide aux victimes. Ces quatre dimensions informent en détail des expériences à partir desquelles les habitants se forgent une image de l’État et de ce que vaut, à ses yeux, la vie d’un paysan.

The exhumations of the war dead in Peru aim to restore their dignity while alleviating the suffering of their relatives and, more broadly, to work towards national reconciliation through the reconstruction of the social fabric. Contrary to these ideals, the article deals with the case of forced exhumations which do not target the disappeared, but the individuals whom the families had already been able to bury during the war and who are subjected by this practice, to a test of truth. Local reactions to this bureaucratic management of exhumations have given rise to rumours of the commodification of the exhumed bones, which carries with them the breach of a moral contract between the supposedly repairing and repaired parties. To show this, the article examines: the economy of suspicion; the differential valence of human remains from their institutional handling; the terms of the bureaucratic encounter between peasants and state agents; and the scope of these rumours in terms of critical discourses towards public policies of aid to victims. These four dimensions inform in detail the experiences from which the inhabitants form an image of the state and what the life of a peasant is worth in their eyes.

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