La fable et le protocole

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2009

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Octaviana

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Scherb André, « La fable et le protocole », Octaviana, ID : 10670/1.5tdg1q


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Notre étude des processus de création à l'œuvre dans un certain nombre de peintures contemporaines a permis de repérer deux formes de pensée, une fable et un protocole, qui correspondent, l'une à l'émergence du sens et l'autre à l'instauration de l'œuvre. Nous avons cherché à mettre en évidence leur présence lors de l'invention d'une peinture, découvrant progressivement qu'elles puisent à une source non-verbale. La recherche s'appuie sur une pratique picturale personnelle, sur l'étude de l'œuvre d'artistes et d'écrits théoriques et sur des entretiens réalisés avec six artistes contemporains : Jean-François Maurige, Shirley Jaffe, Dominique Gauthier, Christian Bonnefoi, Béatrice Bescond et Janladrou. Partant du constat qu'il existe un écart entre ce que nous faisons et ce que nous pensons faire, nous avons pu identifier une pensée profonde, pré-réfléchie, qui existe avant toute mise en mots. Avec l'éclairage des neurosciences, des théories de la pensée complexe (Edgar Morin, Miguel Benasayag), et de certaines recherches en sciences cognitives (Francisco Varela, Claire Petitmengin, Pierre Vermersch), nous avons supposé que l'impossibilité d'accéder à la totalité de notre activité cognitive nous incite à produire une fable, formulée ensuite verbalement ou plastiquement, tentative toujours renouvelée d'approcher l'indicible. L'étude montre l'importance d'une pensée en acte qui suppose, pendant la fabrique d'une peinture, une multitude de micro-décisions immédiates, en l'absence d'un débat intérieur, même si cette forme spécifique de pensée semble exclue de certaines pratiques artistiques contemporaines, en raison de leur rejet de la subjectivité et d'une mise entre parenthèse du corps. L'œuvre achevée révèle une fable et un protocole formés, c'est-à-dire formulé plastiquement. Elle donne à voir et à ressentir le processus de formulation de l'artiste. Nous postulons que c'est ce processus qui est saisi par le regardeur et qui engendre chez lui une reformulation créatrice. La peinture serait ainsi à considérer – au-delà de la pensée intentionnelle et conceptuelle, au-delà de l'objet dans sa stricte matérialité – comme un processus de pensée en transformation, qui propose une saisie provisoire de l'impensable. Our study of the creation process in a selection of contemporary paintings has enabled us to distinguish two forms of thought: a fable and a protocol, where a fable is the emergence of the sense and a protocol, the creation of the work. We tried to highlight their presence during the invention of a painting, and gradually discovered that they spring from a non-verbal source. Our research leans on a personal pictorial practice, on the study of the work of artists, on theoretical papers and on interviews with six contemporary artists: Jean-François Maurige, Shirley Jaffe, Dominique Gauthier, Christian Bonnefoi, Béatrice Bescond and Janladrou. Given that there is a difference between what we make and what we think of making, we have been able to identify the presence of a deep pre-reflective thought ahead of any verbal expression. Thanks to neurosciences, to the complex thought theories (Edgar Morin, Miguel Benasayag), and to cognitive sciences research (Francisco Varela, Claire Petitmengin, Pierre Vermersch), we supposed that the impossibility to reach the totality of our cognitive activity incites us to constantly try to approach the inexpressible by producing a fable, which is then formulated verbally or plastically. The study shows the importance of a thought in action which presents a multitude of immediate micro-decisions during the making of a painting in the absence of internal debate, even if this specific shape of thought seems to be excluded from certain contemporary artistic practices because of a discharge of subjectivity and the exclusion of the body. The finished work reveals a concretized fable and protocol which are plastically expressed and allow the formulation process of the artist to be seen and felt. We assumed that it is this particular process which is captured by the observer and enables his own creative reformulation. The painting should therefore be considered – beyond the deliberate and abstract thought and beyond the object in its strict materiality – as a transformation process of the thought, which offers a temporary capture of the unthinkable.

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