2021
Cairn
Nathalie Heinich, « Et moi je l’aime toujours plus, la sociologie… », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.5w75ex
On peut ne pas partager les constats pessimistes sur lesquels s’appuie ce dossier : la domination de l’économie sur les autres sciences sociales ne me semble nullement avérée et je n’adhère ni à la tentation d’un hégémonisme de la sociologie, ni à l’aspiration au monisme en matière d’écoles sociologiques, ni à la nécessité d’unifier la discipline par ses objets ou ses concepts. En revanche, il me semble indispensable de viser une unification par les postures de recherche, de façon à pousser la sociologie vers le maximum de spécificité : l’appui sur l’enquête, la neutralité et l’ouverture à l’approche compréhensive de façon à relativiser l’emprise de l’explication. La prise au sérieux de cette perspective compréhensive va de pair avec plusieurs approches expérimentées dans une partie de la sociologie française de la dernière génération : l’approche pragmatique, l’approche par les épreuves, l’approche grammaticale, l’approche typologique et l’approche par la réflexivité des acteurs. Il y a là un retour à la leçon de Weber, qui offre en même temps les conditions d’une sociologie d’avenir – une sociologie qui nous fasse aimer, de plus en plus, la sociologie.