2015
Cairn
Alexandre Guermazi, « La naissance de la Montagne dans l’espace public : un mot au service des conventionnels du côté gauche ou de la République ? Octobre 1792-janvier 1793 », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.60mtcp
Pour ceux qui s’en réclament, l’utilisation grandissante du mot « montagne » à partir du mois d’octobre 1792 révèle un projet d’organisation de l’espace public fondé sur la publicité des débats, la mise en réseau des députés et des citoyens, et la défense des principes liés à la résistance à l’oppression. Il est d’abord mobilisé par quelques conventionnels du côté gauche qui fréquentent le club des Jacobins afin de se démarquer de la ligne politique « brissotine », en particulier de l’opposition faite entre Paris et les départements. Introduisant le mot à la Convention pendant le procès du roi, ces mêmes conventionnels sont accusés de l’utiliser pour constituer une faction. Ils y répondent en multipliant les références sur leur hauteur de vue et sur la défense du peuple. Un transfert a lieu à partir du mois de novembre. Lorsque les sections parisiennes fraternisent avec les fédérés des départements présents dans la capitale, ils ne prononcent pas systématiquement le mot. Cependant, ils développent pleinement ses usages unificateurs qui s’incarnent dans les fêtes patriotiques successives du mois de janvier 1793. Ils affirment ensemble faire République, et rallient alors les conventionnels, toutes tendances confondues.