Olivier Schuwer, « Monet et Redon au prisme de Mallarmé », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.651a4c...
Claude Monet et Odilon Redon incarnent les pôles antithétiques de l’art moderne à la fin du XIXe siècle : la gravure et la peinture, le clair et l’obscur, le plein air et les rêveries intérieures, l’art dit « impressionniste » et l’art dit « symboliste ». Pourtant, ces deux artistes que tout oppose a priori s’inscrivent dans un même spectre mallarméen : non seulement ils définissent leurs œuvres en des termes similaires (indétermination, mystère, ambiguïté) mais ils sont réunis dans l’admiration que leur voue le poète, Stéphane Mallarmé. Cet article en forme de triptyque – il s’agit bien de croiser les œuvres de Monet et Redon, sous le signe de Mallarmé – est donc l’occasion d’analyser le rôle central de l’indétermination autour de 1890. En tant que mode de communication esthétique pluriel, celle-ci s’impose à la fois comme le lieu commun d’un vaste mouvement artistique et littéraire en quête de « suggestions », et le vecteur d’une nouvelle histoire de l’art qui, en prenant la forme d’un interrègne, déborde de ses catégories traditionnelles.